* cet article se base sur un séjour court dans chacune des 2 villes
2 déserts, 2 projets fous
Construire une ville
D’un côté, il y a l’envie de créer une société de divertissement, de débauche, de luxe et de luxure… Dans cet espace, l’argent est roi et il n’y a qu’UN roi. Chaque membre de cette société est obnubilée par un objectif commun : devenir plus riche alors qu’il est évident que les dés sont pipés à la base puisque ce sont toujours les mêmes à la fin qui sont de plus en plus riches…
Dans cette ville du Nevada, l’objectif est la croissance à tout prix. Il faut toujours faire plus grand et cela sans prendre en compte les ressources nécessaires pour y arriver. Qu’importe s’il est nécessaire de devoir toujours pomper plus d’eau dans les nappes phréatiques… Qu’importe si la ville est illuminée nuit et jour sans tenir compte d’une quelconque facture énergétique… Qu’importe !
De l’autre côté, il y a une ville créée dans les années 70 ; aboutissement d’une démarche et d’une réflexion initiée plusieurs années auparavant par Sri Aurobindo et celle qui l’a accompagné : « la Mère ». Cette société met l’humain au centre et se voue à rechercher l’unité entre les humains et leur environnement.
A Auroville, la valeur individuelle a une importance très supérieure à celle des richesses matérielles et de la position sociale. Là-bas, on ne cherche pas à développer la compétition et la concurrence mais à créer des relations d’émulations de façon à servir le progrès de l’humanité. En fait, le travail y est vu comme un moyen, non pas de gagner uniquement sa vie, mais de développer ses capacités et ses possibilités tout en rendant service au collectif. Tout un rêve !
Cette comparaison improbable voir même ridicule m’est pourtant venue à notre arrivée à Auroville. En pédalant sur les terres rouges d’Auroville, il m’est difficile de comprendre l’engouement généré par une destination telle que Las Vegas. Comment aduler un endroit où l’individualisme est roi ; où le collectif a été aboli ?! A partir de quel moment dans l’histoire humaine l’homme a-t-il décidé de porter aux nues une telle philosophie de vie au détriment de relations simples et humaines ?
Auroville est bien entendu un projet qui est bien plus complexe qu’il n’y parait et il faut sans aucun doute y rester plus longtemps pour y cerner l’ensemble. Mais pourquoi vouloir donc sans cesse jeter l’opprobre à une telle démarche, entendre trop souvent le terme « secte », vouloir le rendre insignifiant dès lors que tout un chacun est libre de s’y exprimer, de laisser libre cours à ses talents, à ses envies ; le tout dans une démarche qui se veut sans oppression face à l’environnement ?
En tout cas, quelques jours à Auroville, avec les yeux et le cœur ouvert, c’est :
Assister à un festival de film écologique : l’Eco-Festival
Découvrir par exemple un film au sujet des îles Nicobar (archipel des îles Andaman) après le passage du Tsunami. C’est s’interroger pendant plus d’une heure sur les aides humanitaires ; les bons côtés bien entendu mais aussi les mauvais côtés ou dérives.
Par la même occasion, rencontrer le réalisateur Rhivu les 2 jours d’après puisque résidant dans la même GuestHouse et pouvoir échanger plus longuement sur le sujet autour d’un Chai Masala. 🙂
Découvrir un projet de développement de reforestation : Sadhana Forest
Sadhana Forest a été créé il y a une quinzaine d’années dans un désert. L’objectif d’Aviram et de sa famille était de reconstruire une forêt dans un endroit dévasté par les évolutions climatiques mais aussi par l’influence néfaste des colonies successives : françaises et britanniques ayant rasé la forêt pour pouvoir cultiver des noix de cajou. Serti de patience, Sadhana forest s’est développé au fil du temps grâce à l’appui de volontaires internationaux venus découvrir et apprendre des techniques de reforestation, de conservation de l’eau, de gestion des déchets et puis plus simplement de vie en communauté… comment finalement il est possible de s’enrichir dès lors que chacun dans une communauté offre ce qu’il a et sait offrir…
Se poser des questions sur la création d’une communauté qui se veut auto-suffisante
Dans un monde où nous consommons de manière tellement effrénée et aveugle, il est intéressant de s’asseoir quelques instants et réfléchir comment il est possible de consommer au quotidien et vivre avec les éléments qui sont disponibles autour de nous (nourriture, matériaux, soleil, vent, mousson). Quand certains éléments de la vie courante ne sont pas disponibles, réfléchir à comment les obtenir localement (ferme organique) et les rendre durables dans leur nouvel environnement.
Enfin, pendant quelques jours, ralentir le rythme et profiter de la nature, du calme et se restaurer de produits sains, organiques cultivés à Auroville. Se questionner sur soi, sur son impact sur son environnement, prendre conscience du pouvoir que nous avons en tant qu’être humain ,rien qu’en décidant d’agir… et comprendre aussi que l’union fait la force. Tout seul, on avance. A plusieurs, on va plus loin…