Le Kerala est un des états du sud de l’Inde, plus précisément au sud-ouest. Cette perle de l’Inde est réputée pour sa tranquillité et sa douceur de vivre. L’état est également reconnu pour son développement économique et son taux d’éducation important aussi bien pour les hommes que pour les femmes – un fait loin d’être négligeable.
De manière plus historique, le Kerala a joué un rôle important dans le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui puisque certains de ses ports ont vu émergé au fil des siècles et des colonisations des comptoirs au rôle prépondérant dans les produits que nous avons aujourd’hui en Europe. Par le biais successifs des portugais, hollandais, français et anglais, une ville comme Kochi a vu son activité économique fleurir au fil des siècles, envoyant à l’autre bout du monde quantité d’épices, de riz, et autres produits des Indes.
Enfin, quand on dit Kerala, on pense tout de suite à ces backwaters, ces canaux naturels ou ces petites pirogues de pêcheurs avançant doucement entre cocotiers et rizières sous un soleil et ciel bleu. La douceur et la beauté de cet environnement naturel n’a eu cesse d’attirer touristes locaux et internationaux. Les houseboats (ces maisons en construction naturelle sur l’eau) se sont développés à outrance proposant des circuits magnifiques dans ces entrelacements infinis.
Mais qui dit outrance dit dérive. Aujourd’hui, bien qu’immense, la zone compte plus de 2400 houseboats. Durant la haute saison, les familles indiennes se disputent ces maisons flottantes à des prix exorbitants. Non mécontents de surfer sur une vague facile, les entrepreneurs du tourisme réalisent des profits outrageux. Outrageux d’autant plus que leur gestion est loin d’être responsable. L’eau est polluée. Les habitants ne savent plus que faire des déchets qui s’amoncellent sur les rives… Quelle tristesse !
Un brin d'espoir!
Il y a quelques années, dans un effort de développer le tourisme de manière durable, le gouvernement et le ministère du tourisme du Kerala ont démarré divers projets. L’un d’eux nous a mené à Rupesh Kumar ; leader de Responsible Tourism Kerala.
Dès 2002, dans la région de Kumarakom, des études ont été lancées pour mesurer l’impact du tourisme sur l’environnement et sur les populations locales. De manière générale, les locaux étaient très mécontents et l’environnement en pâtissait déjà. En effet, à cette période, dans la quasi-totalité des hôtels, nul ne s’approvisionnait auprès d’agriculteurs kéralais. Tous les produits et matériaux venaient d’états alentours. Comment ne pas être mécontents du développement du tourisme, les locaux ne voyant aucunement les bénéfices économiques ?
Rupesh et ses équipes se sont mis alors à travailler sur des modèles économiques qui replacaient les populations locales au centre de l’offre touristique. Si le tourisme doit se développer, qu’il ne se développe qu’avec les populations locales ! Aujourd’hui, 15 ans plus tard, Kumarakom est devenu une référence en terme de tourisme responsable. Près de 1600 familles interagissent directement ou indirectement avec les acteurs du tourisme. La dimension environnementale a également été prise en compte et la biodiversité n’est plus aussi menacée.
Responsible Tourism Kerala, au terme de longs efforts et d’une passion sans fin, a réussi ses premiers paris. A Kumarakom, à Kovalam et à Thekkady, les projets se sont développés et pérennisés. Le ministère du tourisme est ravi des efforts réalisés et soutient financièrement les actions de Rupesh et ses équipes. Dans un futur proche, ce sont 7 autres villages qui vont passer sous modèls « Tourisme Responsable ».
Rupesh a surtout réussi le pari de mettre le tourisme responsable comme standard de développement économique dans la région. En tant que leader d’opinion, il est en train de gérer une classification/certification des houseboats concernant leur impact sur leur environnement. Nous espérons que cela permettra de sauver ces backwaters, perle de la nature, menacée par la folie humaine.
Nous espérons que les énergies continueront d’aller de l’avant, que la sensibilisation pour un tourisme durable et responsable continuera à toucher un plus grand nombre, notamment auprès des touristes indiens.
Bravo Rupesh ! Merci pour cet échange riche en enseignement !
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